Jubilatoire ! C’est le mot qui me vient après avoir fini ces deux premiers tomes de la Trilogie de Virginie Despentes. Le sujet n’en est pourtant pas rose, un gars bien sous tout rapport, disquaire depuis 20 ans qui fait faillite et se laisse couler, se retrouve à la rue.
Dans le premier tome, il se fait héberger de quelques jours en quelques jours chez des connaissances. Dans le deuxième, il lâche complètement et vit sur le trottoir. Décrivant par le menu hyperréaliste le milieu marginal, et bien d’autres (je travaille dans un de ces milieux et je peux vous dire que j’ai parfaitement reconnu l’ambiance !) la dépendance à la drogue, les rapports humains dans le monde de la musique, la pornographie, ces livres se lisent d’une seule traite et n’en sont pas pour autant déprimant tant l’écriture de Virginie Despentes est tonique et d’une vivacité qui ne laisse pas l’esprit en repos avant d’avoir tourné la dernière page. Au tout début du Tome 1, Vernon reçoit en dépôt l’enregistrement du délire d’un musicien célèbre, ce qui sert de prétexte à une chasse à l’homme organisée et permet de relancer le fil de l’histoire de chapitre en chapitre, mais ce n’est pas le but du livre puisqu’on sait ce que contient l’enregistrement au tiers du second tome. Je me demande bien ce que nous réserve le troisième tome prévue pour Janvier 2016 et je l’attends avec impatience. Je vais faire le siège de la bibliothèque de mon village !
Un petit extrait ?
-« Le résultat des élections en Italie inquiète les marchés financiers » une giclée de colère à l’arrière du cortex, telle une langue de goudron brûlant. Comment osent-ils imprimer ça ? On visse dans les cerveaux cette idée de la dette, aucun journaliste ne fait sont travail, raconter ce qui se passe vraiment. Marquer la différence entre dette publique et dette privée, raconter l’histoire dans sa complexité-appeler un chat, un chat, les riches ont déclaré la guerre au monde. Pas seulement aux pauvres. A la planète. Et avec l’appui complaisant des médias, on prépare l’opinion aux réformes sauvages. Ca le rend fou. Devant les casiers de tri le matin, les gamins n’ont que le Front national à la bouche. Ca se distille par bribe. « Marine a raison sur l’euro, on s’est bien fait avoir ». Comme si elle ne faisait pas partie du sérail…… »
Chacun en prend pour son grade, on peut dire que Virginie Despentes n’a pas peur des procès ! Jubilatoire, je vous dis. Elle n’y va pas avec le dos de la cuillère. Chaque fois que je lis du Despentes, je ressens cette petite boule au creux de l’estomac : « elle exagère » je me dis ! La scandaleuse telle que la nomment certains, est la figure de proue d’une nouvelle génération d’auteurs libres et décomplexés.
Je signale à toute fin utiles que les titres de musiques évoqués dans le livre sont réels et que l’on trouve la playlist sur youtube à cette adresse.
Bien sûr que je vous conseille ce livre !
J’ai boudé Despentes jusqu’à présent (a priori quand tu nous tiens) mais je pense que je lirai cette trilogie un jour… Tu as l’air enchanté ? Me trompé-je ? 😆
Ben oui ! Franchement oui, ça se lit d’une traite, même chéri-chéri qui est plus élitiste que moi l’a lu en 48 heures, c’est violent évidemment,Grasset devrait employer un correcteur plus efficace pour les fautes, mais c’est prenant, et jubilatoire, je ne trouve pas d’autres mots, la plume est précise, les détails sont justes, bref…je ne peux te les envoyer, je les ai eu à la bibliothèque du village, mais je te les conseille. Je connaissais mal Despentes ça m’a donné envie d’en lire d’autres. Depuis Baise-moi, elle a fait un chemin !
Rebises
Non non bah évidemment pas question de faire voyager des pavés pareils ça coûterait plus cher que de les acheter ! Je vais attendre que la trilogie sorte en poche, tout simplement oi si j’ai une amie qui veut absolument le lire d’ici là (mais j’en doute) ! Il n’y a pas que « l’élitisme » qui entre dans mes mauvais a priori avec Despentes, il y a aussi un je ne sais quoi qui ne m’a jamais ni convaincue, ni emballée jusqu’à présent ! Il était temps qu’elle y mette ses tripes j’ai l’impression ! 😉
Rooo! J’ai plein de bouquins en attente…Mais ils me font bien envie ceux-là!
Bises