Loin du paradis
Francis Scott Fitzgerald
24 septembre 1896 Naissance de Francis Scott Fitzgerald A saint Paul qui sera élevé par une mère seule et anticonformiste.
1912-1913 Ecole préparatoire aux Grandes écoles.
1913-1917 Francis Scott Fitzgerald use ses fonds de culottes sur les bancs de Princeton un peu en dilettante.
1917 A 21 ans Fitzgerald quitte la prestigieuse école de Princeton pour l’armée, sans diplôme et avec sous le bras un roman à moitié achevé qui a été refusé plusieurs fois.
1918 Il rencontre Zelda, coup de foudre, mais Zelda ne considère que le fait que son soupirant est fauché et finit par lui rendre sa bague de fiançailles.
1919 Après avoir écumé tous les bars jusqu’à la mise en place de la prohibition, Fitzgerald se remet au travail avec acharnement, achève son roman en neuf mois. Le roman baptisé « This side of paradise » traduit en français par « L’envers du paradis » ou « Loin du paradis » selon les éditions, sera un succès immense et immédiat
…et Zelda finira dans ces conditions par accepter de l’épouser…
Rhaaaaaaa ! Et en plus c’est vrai ! Presque !
L’histoire est brossée à grands traits, certes mais ce n’est qu’une chronologie du livre. Ce n’est toutefois pas ce que raconte le livre. Le côté autobiographique est respecté jusqu’à…la rupture avec Zelda, dans le livre renommée Rosalind, (Fitzgerald se nomme Amory) mais la fin diffère. Je en vous dirai pas comment, cela vous gâcherai le plaisir. Et puis cela remotivera peut-être certaine qui a laissé tombé en cours de route.
Le style, vous le verrez, ne vous dépaysera pas si vous avez déjà lu Gatsby le magnifique. La différence est que tout le long de Gatsby le magnifique le lecteur a l’impression de regarder vers quelque chose qu’il ne pourra jamais atteindre, tandis que dans « loin du paradis » il retrace les chemins qui ont mené à l’avenir. On retrouve l’écriture si détachée et si attachante (comment peut-on être détaché et attachant à la fois ?). Même si le livre a été décrit comme une œuvre de débutant , il y a des débutants plus doués que d’autres. Le témoignage est réaliste sur cette époque de passage des femmes de Gibson Girls
à Flapper
dont on dira même que c’est Fitzgerald qui a inventé le terme. La composition est novatrice, et passe de la narration, au dialogue, à la lettre, au poème. La première partie assez classique décrivant les années d’enfance et d’école est un peu répétitive, je le reconnais, mais à partir de la seconde partie, en dialogue quasiment de théatre, on se laisse envoûter, emmener, envahir, la preuve, je n’en suis pas encore sortie.
Pour vous mettre dans le bain voici un extrait de la rupture entre Amory et Rosalind.
Amory -« Comme nous sommes doués pour nous faire du mal »
Rosalind (recommençant à sangloter) « Tout a été si parfait entre nous. Tellement pareil au rêve que j’avais tant souhaité et que je ne croyais jamais trouver. La première fois de ma vie où je me suis sentie réellement altruiste. Je n’arrive pas à me dire que cela va disparaître dans un monde sans couleur »
Amory-« Mais cela ne va pas disparaître, cela ne peut pas disparaître »
Rosalind –« Je voudrais préserver ces semaines comme un beau souvenir caché au fond de ma mémoire. »
Amory-« Oui, les femmes en sont capables, mais pas les hommes. Moi, je me rappellerais toujours non pas la beauté de notre histoire tant qu’elle aurait duré, mais rien que l’amertume, la longue amertume »
Rosalind-« N’en fais rien ! »
Amory –« Toutes ces années sans te vois, sans jamais t’embrasser, rien qu’une porte fermée et verrouillée… Tu n’as pas l’audace de m’épouser »
Rosalind-« Non…non, je choisis la voie la plus difficile, la plus sérieuse aussi. Devenir ta femme serait un échec, et je n’échoue jamais…. »
Dans la même veine j’ai entamé « De nos jours » d’Hemingway. 1924.