Cher lecteur assidu, je te parle en direct les yeux dans les yeux là, car pressée par l’horloge qui doit bientôt sonner les douze coups fatidiques de la fin du concours je n’ai guère le temps de mettre le récit à la troisième personne afin de dépassionner les débats. Rassure-moi, cher lecteur assidu : tu avais compris que l’autrice, c’était moi, c’était Elle, quoi ?
En ce moment, je suis là , sur les bords du lac Corrib et je regarde les poneys sauvages de Michel Déon venir lentement vers moi dans la brume, une fois j’ai même cru voir un arbre qui répondait à un dodo qui dormait sur le dos bras dessus-bras dessous avec un Ornithorynque aux pieds mouillés( oui, je sais c’est facile !)
Je fais défiler dans ma mémoire cet été magique, où se sont passés tant d’événements merveilleux. En plus ils ont rediffusé « L’ours de « Jean-Jacques Annaud» à la télé, tu vois ça été un été émouvant !
Cher lecteur assidu, tu te demandes sans doute comment j’ai atterri ici ? Attends un peu que je t’explique :
Après la peur qu’elle avait eu, la petite fée était revenue toute pleurante, grelottante et tremblante se blottir contre mon épaule. J’avais eu le plus grand mal à me libérer un peu pour lui tricoter un pull avec tous ces fils d’histoire semés un peu partout. Je vais t’avouer une chose, je ne suis pas une tricoteuse émérite et le pull était quelque peu de guingois, mais il était bien chaud et la fée s’était peu à peu rassérénée et avait recyclé quelques couleurs.
Le lendemain ragaillardie, elle recommençait à zonzonner partout sur mon bureau, dérangeant mes crayons, faisant des claquettes sur mon clavier, grignotant des cra-princes à l’ail, on ne sait jamais ça peut servir, affublée de son pull qui lui descendait jusques aux genoux, lorsque le Leprechaun refit surface dans le mug. En entendant remuer les crayons, la fée a quelque peu paniqué :
-« Cache-moi, cache-moi, je ne veux pas qu’il me voit habillée comme ça ! »
-« Enfile donc ta robe »
Sa moue de fée battue m’a fait comprendre…
-« J’ai toujours droit à un souhait »
-« Trois même normalement, attends que je relise le règlement ! »
Enfin, les choses avaient l’air de reprendre leur cours normalement anormal.
-« Quelle est ta fleur préférée ? »
-« La violette ! »
-« Que ta robe devienne violette ! »
Et hop, la petite fée stupéfaite et radieuse souleva les bras et enfila en un éclair sa délicieuse robe devenue d’une couleur délicate de violette intense et parfumée.
-« Mais, mais… normalement ce sont tes souhaits que je dois réaliser ! »
-« Oh, moi tu sais en réfléchissant j’ai tout ce que je veux, j’ai un chéri-chéri digne d’être fée dans un conte de prince, deux poulains comme les 4 fantastiques, j’ai même un Petit-Trésor, que voudrais-tu que je désire de plus ? »
Le Leprechaun arriva sur ces entre-fêtes, et les yeux lui sortirent de la tête. On aurait dit le loup de Tex Avery et comme trois petits cochons passaient par là empêtrés dans leurs difficultés administratives , il demanda un petit interlude pour aller se payer une tranche de rêve !
Quand il revint ses joues toute rouges et ses yeux brillants allaient très bien avec son habit vert et il lui ouvrit les bras où elle se précipita. Comme quoi, comme on dit, un câlin vaut mieux que dix milles mots. Les retrouvailles furent caliente et il me fallut bien sortir prendre l’air un moment pour les laisser un peu seuls…
Au bout d’un moment la porte se rouvrit, ils étaient prêts à repartir au pays toujours vert des arcs-en-ciel et de la magie.
Toutes les histoires ont une fin et celle-là me laissait un goût léger d’inachevé. Mais pas qu’à moi.
-« Et si elle venait avec nous ? »
-« Il suffit qu’elle en fasse le vœu ! »
-« Oh, oui, je peux emmener ma marmaille avec moi ? »
Et hop, tout mon petit monde glissa le long de l’arc-en-ciel en même temps que la petite fée habillée de violette et le Leprechaun qui ne se lâchaient plus la main ni le reste d’ailleurs, sans même avoir le vertige, ce qui tout de même est bien un signe de magie.
Et voilà pourquoi, depuis, je rêve à l’encre violette. Il y a parfois quelques traces de paillettes au milieu de mes mots, je sais bien pourquoi elles sont là !
Il me reste un vœu à faire, j’ai du mal à me décider, si l’un de vous a un désir, qu’il l’exprime, je verrai si je peux faire quelque chose.
Fin, refin, rerefin, rererefin et fin de rerererefin !
En comptant sur toutes mes extrémités ça fait bien cinq épisodes !
Et je peux, l’esprit en paix, te laisser vaquer à tes occupations, cher électeur assidu, une fée vient me chercher pour aller tirer une citrouille !