Elena Ferrante-L’amie prodigieuse

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Désolée les amis de vous avoir abandonnés sans nouvelle ces derniers jours mais comme l’écrit si bien Asphodèle, j’étais tombée dans une faille spatio-temporelle. Je me promenais dans les années soixante à la suite de Elena dans la banlieue turbulente de Naples.

J’avais noté sur le blog de l’un d’entre vous (lequel ?? bonne question, je ne note jamais où..) le nom d’Eléna Ferrante et lorsque mon regard s’est arrêté sur la couverture de son livre dans ma petite librairie, je l’ai acheté immédiatement et je l’ai ouvert. Malheur, il avait une fin !…et une suite que je me suis empressée d’acquérir aussi. Quelques mille pages, dévorées, englouties…si vite !

J’ai fait un voyage en 1975 à Naples, j’étais donc une toute jeune fille et mon père qui n’était pas Italien, dans les rues m’obligeait à marcher entre mon frère et lui pour éviter les problèmes ! J’ai toujours pensé qu’il exagérait un peu. Il semble bien que non. Les deux tomes du livre d’Elena Ferrante : « L’amie prodigieuse » et  « Le nouveau nom » nous emmènent sur les traces de deux amies, deux gamines des quartiers pauvres de Naples. Elena qui raconte l’histoire et Lila, élevées à la dure entre crasse et baffe, remarquées pour leur intelligence par leurs professeurs, et dont l’une va travailler d’arrache-pied à l’école ne voyant que les études pour s’en sortir et l’autre peut-être plus brillante ou plus sensible va choisir une autre voie. L’histoire très romanesque en apparence a le souffle des grandes sagas. Cela faisait longtemps que je n’avais pas retrouvé ce goût de lire jusqu’à une heure avancée de la nuit, emportée de chapitre en chapitre au-delà de la raison.

Le fond est sombre entre camorra, pauvreté, crime et sort fait aux femmes mais le style ébouriffant nous fait passer sans aucune difficulté d’un italien élégant au machouilli du patois Napolitain, la traduction excellente d’Elsa Damien ne doit pas y être pour rien. L’analyse psychologique du rapport à l’autre est très fine et j’ai bien cru me reconnaître dans Elena et parfois dans Lila, cette impression qu’en dépit tout ce que l’on entreprend on ne peut pas sortir de son milieu, ce sentiment de devoir batailler coûte que coûte pour s’en sortir et puis le rôle du hasard et de la volonté dans ce déterminisme. Cette volonté farouche dont fait preuve Elena, dont on ne sait encore si elle parviendra vraiment à se trouver sans renoncer à une part d’elle-même, et si on souhaite qu’elle se détache de cette Lila qui parfois l’entraîne vers le bas et parfois au contraire lui permet de se dépasser, Lila entre ivresse de la révolte et soumission dédaigneuse, ces limites des enfants précoces.

Car c’est aussi de cela dont nous parle Elena Ferrante, de  cette amitié nouée dans l’enfance, on ne sait pourquoi, à travers quels mystères et qui, au fil des années,  à travers aléas et réussites, jalousie, compétition et solidarité , va perdurer.

Inutile de vous dire que j’attends déjà la suite avec impatience !